Il y a, dans cette vie, quelque chose qui nous dépasse, quelque chose qui ne va pas, qui ne colle pas.
Alors, on peint pour la vie.
Le territoire de la toile n’est qu’une concentration de cette vie. C’est une définition conceptuelle du signe le plus dense, le plus juste possible. Il s’agit de pousser dans ses retranchements ultimes la pensée vers une seule image, qui deviendra de ce fait, la plus complexe qui soit.
Cette image, après un lent travail de maturation, devra se concevoir, comme dans un moment d’égarement, comme si elle devait être la dernière avant l’abîme. A ce moment là, le territoire de la toile pourra devenir un tableau, et l’image sera capable d’autonomie. Elle sera devenue indépendante face aux autres perceptions. Elle sera devenue un événement de la vie qui aura été saisi, conçu jusqu’au point ultime de son dérèglement. L’image sera devenue le témoignage de ce qui nous est intolérable ou insupportable en nous plaçant sur le seuil du mystère, de l’inconnu.
Prisonnière de la surface de la toile, cette image aura gagner le pouvoir de survivre. Elle pourra ainsi subir les multiples critiques du monde de l’art, et les assauts d’émotions du monde tout court.
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